La pharmacie de Monts-sur-Guesnes (XIXè siècle)
Les origines de la pharmacie. Retrouvez toutes les informations sur : www.patrimoine-pharmaceutique.org
En décembre 1881, Jules Grandjean loue une maison, face au château, où il installe la première pharmacie du village (actuel salon de coiffure). Des halles (272m² au sol) font face alors à l’épicerie.
Les origines de la pharmacie de
Monts-sur-Guesnes
remontent à l'hiver 1881-1882
Au recensement de 1881. Monts-sur-Guesnes compte 967 habitants. Un record jusque là.* Le maire du village s’appelle Justin Pichot. Il est le petit neveu d’un ancien grognard de l’armée napoléonienne, Étienne Pichot (1781-1867) qui combattit à Waterloo. Le 23 avril 1881, Jules Grandjean est diplômé de l’école de pharmacie d’Angers. Il n’a pas encore 25 ans. Il est né le 18 juin 1856 à Chinon (Indre-et- Loire) et est le fils d’un « gendarme à cheval ».
Cette même année, le 21 décembre 1881, il épouse, à Richelieu, Marie-Louise Laurance, la fille d’un cafetier de la cité du Cardinal.
Depuis trois semaines, il loue « une maison située sur la place de Monts ». Le bail est signé le 18 janvier 1882 devant le notaire local, Maître Clément Guiet, « pour une durée de trois, six ou neuf années entières » après avoir réglé le 7 janvier 1882, à la perception de Monts-sur-Guesnes,6 francs au titre des « droits à percevoir pour frais de visite chez les pharmaciens, épiciers, droguistes et herboristes » (AD 86 / 2 P 157).
L'histoire de la pharmacie de
Monts-sur-Guesnes commence
Jules Grandjean reste 4 ans (de 1882 à 1885 inclus) avant de s’installer à La Chartre-sur-le-Loir (Sarthe) en septembre 1886. Son successeur, Alfred Poirault, exerce également 4 années (de 1886 à 1889 inclus) mais connaît une fin moins glorieuse du côté du Mans.
Le 20 juillet 1890 voit l’arrivée de Louis François Charière, né à Ahun (Creuse) en 1862, tout juste diplômé de l’école de pharmacie de Poitiers le 20 novembre 1889. Il a 28 ans. L’officine fait encore face au château, symbole multi-séculaire du village. Il épouse, l’année suivante, la fille de l’horloger du village, Maximilien Hettick, arrivé d’Allemagne «avant la guerre de 1870», installé non loin de la pharmacie, sur la même place, lui-même marié à une fille Chauveau dont la famille occupe toujours les murs de son commerce au début des années 2000. De 1888 à 1926, sous les 38 années de mandat de maire de François Millet-Pichot, Monts-sur-Guesnes, chef-lieu de canton, vit une certaine prospérité avec l’arrivée du train, de d’électricité, la construction d’une nouvelle école (1909) et connaît même, à la fin du XIXè siècle, la création d’une «société de secours mutuel», ancêtre de la sécurité sociale, qui prend en charge les traitements des patients. A l’aube du XXème siècle, plusieurs médecins exercent auprès des populations locales : les docteurs Guiet (le fils du notaire, décédé en 1901, à l’âge de 44 ans), Gaud, Chevallier (de 1901 à 1910), Édouard «père et fils», Orlowski, Magé, avant l’arrivée du Docteur Baussay en mars 1909. Les prescripteurs ne manquent pas. Sans oublier le Docteur Camille Rimbert, vétérinaire, élu Conseiller général du canton en 1907.
La pharmacie prend de l'ampleur et manque de place
Louis François Charière la transfert alors au début des années 1900 à son emplacement actuel en haut de «la basse rue» devenue rue Porte Pelletier. Face à elle, au coin de la place où les halles qui lui donnent son nom demeurent de 1872 à 1968, le coiffeur Gédéon Napoléon Gouin assiste au développement de l’activité de l’officine. Celle-ci connaît, avant la Première Guerre mondiale, les premières prescriptions d’aspirine puis, au lendemain du conflit, l’épidémie de grippe espagnole comme en témoignent les ordonnanciers, tous conservés, dans lesquels les antipyrétiques figurent en grand nombre en 1919. Le mobilier de la pharmacie, immuable, traverse un premier siècle des années 1880 aux années 1980 et voit passer plusieurs titulaires après Louis François Charière dont c’est la seule installation en 23 ans : René Arambourou de 1913 à 1922, Henri Renan, le neveu de l’académicien Ernest Renan, de 1922 à 1935 (avec la «suppléance» de Léopold Chaussat entre 1925 et 1927) puis un demi siècle de Delagarde (Maurice, le père, de 1935 à 1961 «pharmacien de 1ère classe» et Jacques, l’un de ses trois fils, de 1964 à 1984). Le meuble-comptoir-caisse, à gauche en rentrant, reste le même. Les étagères à colonnes qui surmontent de petits espaces de rangement clos demeurent tout comme les buffets aux portes vitrées.
Au milieu des années 1980, de nouveaux comptoirs et des colonnes de tiroirs sur rails arrivent en même temps que l’informatique. Le mobilier d’origine disparaît peu à peu, cédé, vendu, oublié… ou pire, détruit ! Dès 1991, l’objectif est de sauvegarder et préserver tout ce qui peut l’être encore: ordonnanciers dont un grand nombre est retrouvé au grenier de la maison avant d’être restauré, flacons, matériels, et, bien évidemment, meubles.
Dès lors, l'idée mûrit de pouvoir présenter tout ce qui pourrait l'être
Un plan de la pharmacie établi en 2009 par Guy Jouneau, préparateur de mai 1948 à juillet 1984, permet de faire l’inventaire exhaustif du mobilier.
La chance est au rendez-vous avec un meuble retrouvé dans un restaurant de la côte vendéenne et le comptoir d’origine, démonté, dormant depuis 35 ans dans une grange au lieu-dit « Bels ébats » sur la commune de Maulay, à une dizaine de kilomètres de la pharmacie où il avait été acheté 4000 francs à l’époque puis revendu 600 euros en 2020 pour un retour à son point de départ.
Grâce au travail de restauration de l’entreprise Pipelier, ce meuble exceptionnel retrouve sa splendeur même si deux ou trois tiroirs manquent à l’appel. Même la caisse dont les grelots retentissent quand on l’ouvre ressort de l’oubli.
Plus inattendue, la découverte faite au musée municipal d’Airvault (Deux-Sèvres) d’une horloge réalisée dans les locaux même de la «maison Chauveau» par Maximilien Hettick, le beau-père de Louis François Charière. Grâce à une mise à disposition de la mairie, elle retrouve, en février 2021, la pièce d’où elle sortit.
La marque de cette horloge au centre de son cadran «M.Hettick à Monts- sur-Guesnes» lui revêt un attrait rare et, par conséquent, exceptionnel.
Il fallait trouver un local pour implanter tout ce qui a pu être épargné des outrages du temps. Fin 2020, le local de l’ancienne quincaillerie Chauveau jusqu’aux années 1970 attenant à la pharmacie devient le site idéal. L’objectif de ce lieu de mémoire est de pouvoir évoquer l’évolution d’une profession passée depuis la loi de 1803 qui la régit en partie encore du mortier au comprimé, des plantes à la chimie, des ravages de la tuberculose à la pandémie de Covid-19. C’est également l’histoire d’un lieu fort de la vie du village ou plusieurs générations se sont succédées depuis 140 ans pour y trouver un traitement, une écoute, un conseil, un soutien. Ce sera toujours le cas.
Les pharmaciens de Monts-sur-Guesnes
1882 – 1885 : Jules Grandjean
1886 – 1889 : Alfred Poirault
1890 – 1913 : Louis François Charière
1913 – 1922 : René Arambourou
1922 – 1925 : Henri Renan
1925 – 1927 : Léopold Chaussat
1927 – 1935 : Henri Renan
1935 – 1961 : Maurice Delagarde (ancien Maire)
1961 – 1964: Thérèse Chevalier (gérance)
1964 – 1984 : Jacques Delagarde
1984 – 1988 : Véronique Yved
1988 – 1991 : Jean-François Thomas
Depuis 1991 : Bruno Belin (ancien Maire)
Vous souhaitez visiter la pharmacie du XIX siècle ?
La pharmacie est ouverte à l’occasion des journées du patrimoine et sur demande via le formulaire de contact.
